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Anarcho-communisme

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L'anarcho-communisme est une utopie dont les partisans se revendiquent anarchistes tout en défendant des idéaux collectivistes. Les anarcho-communistes se retrouvent dans des fédérations comme la fédération anarchiste ou des syndicats comme la confédération nationale des travailleurs. L'anarcho-communisme s'oppose à l'anarcho-capitalisme par son refus de la propriété privée et donc du capitalisme.

Principes

Symbole de l'anarcho-communisme

Les anarcho-communistes mettent l'égalité matérielle au-dessus de tout autre principe comme fondement de leur idéologie. Ils confondent la plupart du temps égalité et liberté. Pour un anarcho-communiste, être libre signifie avoir le même niveau de vie que tous ses voisins. La plupart des revendications anarcho-communistes ne concernent pas la liberté mais l'éradication du capitalisme.

  • Suppression de la monnaie
  • Suppression du salariat
  • Suppression de la propriété privée.

Leur discours est plutôt violent, basé sur la lutte des classes, il parle souvent d'éradication du capitalisme et de la bourgeoisie.

Propositions anarcho-communistes

  • Abolition de la propriété privée.

Les anarcho-communistes assimilent la propriété privée à l'État, et prétendent que supprimer l'État permettrait de supprimer la propriété privée. Du point de vue anarcho-capitaliste, ceci est une grave erreur, car l'État est au contraire la seule entité qui s'oppose et qui détruise la propriété privée. Le fait qu'il possède le territoire le rend automatiquement propriétaire de tout ce qu'il y a dessus y compris la population. Supprimer l'État reviendrait donc au contraire à maximiser la propriété privée.

La propriété privée donne le droit à chacun de faire ce qu'il veut de ce qu'il possède. Sans ce droit, il est impossible de déterminer qui peut utiliser telle chose ou profiter de tel bien. Pour en décider, parmi les critères qui se dégagent, figure la démocratie, directe ou indirecte mais cela ne peut déboucher que sur une nouvelle bureaucratie ou le contrôle tatillon et liberticide de la communauté sur les décisions de chaque individu. Au final, la suppression illusoire de la propriété privée nierait les droits fondamentaux de l'homme.

Certains anarcho-communistes précisent bien qu'ils ne sont pas pour la suppression de toute la propriété privée mais uniquement pour la suppression de la propriété privée des moyens de production. Le problème est qu'il faut déterminer ce qui est un moyen de production et ce qui ne l'est pas. Après tout, un être humain est un moyen de production. Donc si on supprime la propriété privée des moyens de production cela peut parfaitement aboutir à la suppression de la propriété individuelle : l'individu ne serait plus le propriétaire de son propre corps puisque son propre corps est un moyen de production. Les libéraux craignent que l'on ne puisse pas s'arrêter à un stade défini de collectivisme et qu'introduire le collectivisme dans l'économie finisse à un moment ou à un autre par aboutir au collectivisme des êtres humains eux-mêmes, de leur corps et de leur esprit. Pour limiter le collectivisme et définir ce qui doit être collectif et ce qui ne le doit pas, il faut nécessairement une institution (comme un État). En l'absence d'institution étatique, qui pourrait choisir ce qui doit rester privé, et ce qui doit être collectivisé ?

La suppression de la propriété privée des moyens de production est donc impossible dans une société réellement anarchiste et relève bien du communisme stalinien et non de l'anarchisme.

Elle est non seulement impossible dans une société anarchiste, mais également elle serait dangereuse car dans l'immédiat, elle devrait conduire à l'expropriation et donc à la révolution ou à la guerre civile. Et à long terme elle rendrait totalement impossible la survie économique du pays.

Tout d'abord la propriété privée des moyens de production assure la liberté de pouvoir librement utiliser ces moyens de production. Si ces moyens de production dépendent de la collectivité, alors la collectivité peut m'interdire de les utiliser. Par exemple, si la collectivité possède les terrains, les agriculteurs devront obtenir la permission de la collectivité pour utiliser ces terrains. Ce système, profondément anti-anarchiste, s'est toujours révélé être une catastrophe lorsqu'il a été mis en place, conduisant des peuples entiers à la famine.

Ensuite, sans la propriété privée des moyens de production, il n'y a plus aucune raison d'investir dans la construction de ces moyens de production. Les anarcho-communistes font l'erreur de croire que les moyens de production préexistent, et qu'il suffit de les collectiviser. Alors qu'en fait les moyens de production sont eux-mêmes des produits qu'il faut nécessairement fabriquer et qui ont besoin d'investisseurs. Or on préfère généralement investir dans quelque chose que l'on peut posséder, maîtriser soi-même, et dont on peut retirer un profit personnel. La suppression de la propriété privée des moyens de production risque tout simplement d'aboutir à la fin de la production, ce qui engendrerait la pénurie et la famine.

  • Abolition du salariat

Les anarcho-communistes visent également l'abolition du salariat, considérant que la division des fruits du travail entre travail et capital est injuste, que c'est le salarié qui doit bénéficier des fruits de son travail. C'est une position fausse à deux points de vue : le salarié touche une rémunération fixe, une avance sur le prix de la vente des biens qu'il a produit. L'investisseur pour sa part supporte le risque de ne pas bien vendre ou de ne pas vendre du tout. Comme le résume l'économiste Frédéric Bastiat :

« L'une des parties, le Capital, prendra la charge de tous les risques et la compensation de tous les profits extraordinaires, tandis que l'autre partie, le Travail, s'assurera les avantages de la fixité. Telle est l'origine du salaire. (...) Plus tard, les deux associés, sans rompre l'association, traitèrent à forfait du risque commun. Il fut convenu que l'une des parties donnerait à l'autre une rémunération fixe, et qu'elle assumerait sur elle-même tous les risques comme la direction de l'entreprise. Quand cette fixité échoit au travail antérieur, au capital, elle s'appelle Intérêt ; quand elle échoit au travail actuel, elle se nomme Salaire. »
    — Frédéric Bastiat, Harmonies économiques

En outre, il faut noter que le salariat apporte la protection d'un salaire fixe au travailleur et qu'un système dans lequel le salariat serait éradiqué mettrait dans la précarité les travailleurs. On peut également consulter l'article salaire.

Plusieurs systèmes, tels que la distribution centralisée des biens, ou les bons de consommation, ont été évoqués pour remplacer le salariat. Mais les bons de consommation existent déjà, ce sont les billets de banque. Quant à la centralisation de la distribution des biens, elle risque évidemment de porter atteinte à la liberté du consommateur de choisir ce qu'il consomme. Le salaire permet au consommateur d'avoir un pouvoir d'achat qui le rend consommacteur, c'est-à-dire qu'il peut utiliser son pouvoir d'achat pour choisir, et donc agir en fonction de sa conscience. Abolir les salaires, et donc le pouvoir d'achat, reviendrait à abolir le choix et obliger le consommateur à consommer ce que la collectivité veut bien lui donner.

On peut également soulever le problème de l’intérêt de travailler. Quel est l’intérêt de travailler si l'on est pas payé en contrepartie ? Qui effectuera une tâche difficile s'il ne reçoit rien en retour ? Hormis le bénévolat et l'esclavage, il n'existe pas d'autres formes de travail non rémunéré.

Donc en théorie, une suppression des salaires aurait de grandes chances d'aboutir au retour de l'esclavage. En pratique une suppression des salaires nécessite l'emploi d'une force coercitive (nécessairement celle d'un État), contraire au principe de l'anarchie. Elle aurait forcément pour conséquence immédiate une révolution car peu de personnes sont prêtes à perdre leur salaire et à travailler gratuitement.

  • Éradication du capitalisme

Les anarcho-communistes visent également la fin du capitalisme. Ceci serait contradictoire avec l'anarchie pour deux raisons.

La première est qu'il est impossible d'éradiquer le capitalisme sans l'intervention de la coercition étatiste. Or l'anarchie comprend dans ses principes la suppression de toute coercition à grande échelle et donc la suppression de l'État. Il est donc logiquement impossible d'être a la fois anarchiste et anticapitaliste.

La deuxième raison est que l'anarchie ne doit rien imposer à l'individu, aucun choix politique, aucun choix moral, aucun choix économique. Or en éradiquant le capitalisme on imposerait un non-choix obligatoire aux individus, ce qui serait profondément anti-anarchiste.

La seule proposition des anarcho-communistes qui semble compatible avec l'anarchie est le fédéralisme, proposition soutenue également par les anarcho-capitalistes.

  • Suppression de la monnaie

Les anarcho-communistes prônent aussi la suppression de la monnaie comme moyen d'échange. Or la monnaie est un moyen d'échange très ancien qui a fait la preuve de son efficacité depuis l'Antiquité. Supprimer la monnaie reviendrait automatiquement à instaurer le troc si la propriété privée était respectée, parce qu'on ne peut troquer que ce que l'on possède. Or les anarcho-communistes sont également contre la propriété privée. Ce qui revient à dire qu'ils sont tout bonnement pour la suppression des échanges. C'est-à-dire du commerce. Il s'agit donc d'une mesure qui aboutirait à la révolution, car il est fort peu probable que les commerçants acceptent volontairement de fermer boutique.

Encore une fois, cette mesure nécessiterait forcément la présence d'une force coercitive pour interdire aux individus et aux groupes d'individus de créer leur propre monnaie. Cette mesure est donc impossible à réaliser dans une société anarchiste où justement, puisque aucune autorité ne l'empêche, les individus, associations et entreprises pourront librement créer leur propre monnaie.

Pour remplacer le commerce, les anarcho-communistes envisagent la centralisation de la collecte et de la distribution des biens. Ce qui signifie que chaque producteur et chaque consommateur est entièrement dépendant de la collectivité et voit toutes ses libertés de choix disparaître.

Applications

L'anarcho-communisme est foncièrement inapplicable au delà de communautés de tailles très réduites et basées sur le volontariat. Une tentative à été faite dans l'Espagne des années 30. Mais le "régime" est très vite devenu une forme de communisme qui n'avait rien a voir avec l'anarchie. Les carnets de consommation comme dans la dictature cubaine de Fidel Castro empêchaient les habitants de choisir les produits qu'ils pouvaient consommer. L'absence d'argent aboutissait à des situations absurdes comme la nécessité de demander la permission à la collectivité pour prendre le bus afin d'aller dans le village voisin.

Les anarcho-communistes revendiquent aussi d'autres "exemples" comme des campements de quelques jours organisés lors des contre-sommets du G8. Les anarcho-capitalistes argumentent que l'organisation d'un campement de quelques jours, n'est pas une preuve suffisante pour prouver la faisabilité d'une société sans propriété privée, sans salaire et sans argent. Si on y regarde de plus près, ces campements n'appliquent pas réellement les principes de l'anarcho-communisme. Les anarcho-communistes se servent aussi de réseaux alternatifs comme les systèmes d'échanges locaux et les associations de maintien de l'agriculture paysanne. Mais selon les libéraux ces alternatives ne sont que des reproductions à petite échelle du système libéral. Les SEL ne remettent pas en cause le système de la monnaie, bien au contraire, il s'agit en fait de créer sa propre monnaie ce qui est plutôt une idée libérale.

Positions

Les anarcho-communistes sont farouchement opposés aux religions mais pas à la morale, puisqu'ils défendent une morale égalitaire. Ils s'opposent également à la politique en refusant de créer des partis et de participer aux élections. Ce sont des abstentionnistes.

L'erreur fondamentale des anarcho-communistes est de croire qu'en supprimant l’État on supprime également tout ce dont l'État a le monopole. Puisque l'État est le seul à garantir la propriété privée, à fabriquer de la monnaie, à avoir une police et une armée, les anarcho-communistes pensent qu'en supprimant l'État, on supprime aussi la propriété privée, la monnaie, la police et l'armée. C'est faux. Ce n'est pas parce que l'État en a le monopole qu'il est seul capable de faire ces choses. En l'absence d'État rien n'empêcherait les individus et les entreprises de protéger eux-mêmes leur propriété, de fabriquer leur propre monnaie, d'avoir leur propre police et leur propre armée. Il existe déjà des armées et des agences de sécurité privées. Les bons d'achats, et autres systèmes d'échanges locaux, sont une forme limitée de monnaie privée. De la même manière qu'il existe des cliniques privées et des écoles privées, rien n'empêcherait en l'absence d'État qu'il y ait aussi des polices, des tribunaux, des armées, et des monnaies privées.

Il y a de nombreux sujets tels que la liberté d'expression, ou la liberté des mœurs, sur lesquels il est difficile de connaître l'opinion des anarcho-communistes car la majorité de leurs positions concerne le capitalisme qu'ils accusent d'être inégalitaire et contre la liberté. Il apparaît souvent que les anarcho-communistes confondent la liberté et l'égalité, et que pour eux être libre signifie avoir le même niveau de pouvoir que son voisin. On peut toutefois deviner que la tolérance des anarcho-communistes en matière de mœurs a des limites,leur idéologie étant basée sur l'égalité des individus, il est assez difficile de concevoir la liberté des mœurs sans les inégalités dans les niveaux de vie entre individus. Raymond Aron notait également dans L'Opium des intellectuels que bien souvent ceux qui aspirent à la révolution pure attendent des autres la même pureté, y compris dans le champ des mœurs.

Avis libéral

Les libéraux ont l'avis que les anarcho-communistes se trompent dans leurs concepts fondamentaux. Pour les libéraux il est primordial de faire la différence entre la liberté et la richesse. Être riche ne signifie pas être libre et être pauvre ne signifie pas être prisonnier des riches. Les libéraux pensent également qu'en accusant le libéralisme de tous les maux : guerres, génocides, pollution, dictature, catastrophes naturelles, inégalités, injustices, pauvreté..., les anarcho-communistes se trompent de coupable et développent une haine qui peut devenir dangereuse car elle reprend beaucoup de thèmes en commun avec les haines racistes et xénophobes.

Liens externes

Voir aussi


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