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Leszek Kołakowski

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Leszek Kołakowski
Philosophe

Dates 1927 - 2009
Leszek Kołakowski
Tendance Anticommuniste, libéral de gauche
Nationalité Flag of Poland.jpg Pologne
Articles internes Autres articles sur Leszek Kołakowski

Citation « Nous étudions l'histoire non pour savoir comment nous comporter ou comment réussir mais pour savoir qui nous sommes. »
Interwikis sur Leszek Kołakowski

Leszek Kołakowski, né le 23 octobre 1927 à Radom en Pologne et mort le 17 juillet 2009 à Oxford, est un historien des idées polonais, philosophe et essayiste polonais. Il est surtout un connaisseur émérite de l'idéologie et régime communiste. Très jeune il connaît l'occupation et la guerre et adhère au parti communiste qu'il identifiait, comme beaucoup de gens à l'époque, à une continuation des Lumières. Leszek Kołakowski découvre alors qu'il s'agissait d'un malentendu et que le dogmatisme soviétique interdisait toute pensée libre et critique.

Biographie de Leszek Kołakowski

Né en Pologne, il grandit sous l'occupation nazie. En 1945, il rejoint l'université de Lodz au sein de laquelle il étudie quatre ans. Il se rapproche à cette époque du communisme pour lequel il milite publiquement. De 1947 à 1966, il est membre du Parti ouvrier unifié polonais.

En 1949, il rejoint l'université de Varsovie, d'abord comme étudiant puis comme professeur. La visite à Moscou que le parti lui offre lui fait voir le vrai visage de l'URSS et du communisme appliqué ; comme de nombreux intellectuels qui prennent conscience de l'impasse du marxisme (François Furet, Alain Besançon ou Annie Kriegel en France), il entre en dissidence intellectuelle et devient un critique de plus en plus ferme du régime et de son idéologie. Il représente les « révisionnistes », qui critiquent le parti sur la base de ses promesses non tenues. Sa position évolue graduellement vers une critique plus poussée du communisme, condamné à être totalitaire. En 1966, il est exclu du parti.

C'est à la suite des manifestations antisémites orchestrées par le pouvoir communiste que Leszek Kołakowski quitte son pays, comme de nombreux intellectuels en dehors de la ligne du parti, chassés de Pologne. De 1968 à 1970, il enseigne à McGill au Canada puis à Berkeley en Californie, avant de revenir en Europe : en 1970, il s'installe à Oxford et enseigne au All Souls College. Il soutient la résistance au régime en appuyant depuis l'étranger le syndicat de Lech Walesa, Solidarność.

Il restera à Oxford jusqu'à la fin de sa vie, avant de s'éteindre le 17 juillet 2009, à l'age de 81 ans.

Il fut récompensé du Prix Tocqueville en 1993 - 1994, ainsi que de nombreux autres prix : le prix Jurzykowski en 1969, le prix Érasme en 1983, la Saint George Medal en 2006 ou le Jerusalem Prize en 2007. En 1986, il avait également prononcé une Jefferson Lecture for the National Endowment for the Humanities, le plus grand honneur que l’État fédéral américain délivre aux intellectuels. C'est au cours de cette lecture qu'il prononça ces mots : « We learn history not in order to know how to behave or how to succeed, but to know who we are »[1].

Ses idées

Très bon connaisseur du marxisme, il est célèbre pour sa grande Histoire du marxisme en trois tomes (Główne nurty marksizmu), parue en 1976 et traduite (partiellement) en français en 1987[2]. Il y souligne méthodiquement les erreurs sur lesquelles est fondée la théorie de Marx : la valeur-travail, la lutte des classes, le matérialisme historique, etc. Il y souligne en outre que le stalinisme est la conséquence inéluctable d'un système communiste, la recherche de l'utopie communiste ne pouvant aller que vers le totalitarisme. En particulier, il montra à de nombreuses reprises[3] que le stalinisme était dans la continuité la plus pure du léninisme. Le stalinisme, caractérisé par « l'abolition du droit, l'autocratie du Chef, la délation généralisée comme principe de gouvernement et la toute-puissance apparente de l'Idéologie », est la conséquence logique et inévitable de la théorie marxiste ; le stalinisme est un « marxisme-léninisme en action »[4].

Sans être pour autant croyant, il avait un respect profond pour la religion, qu'il estimait nécessaire à l'existence d'une société. Il se montrait particulièrement critique du consumérisme et du relativisme culturel. Sa découverte du gauchisme libertaire des campus américains dans les années 1970 le renforce dans ces idées et il qualifie ces campus de « pathétiques et dégoûtants ».

Comme philosophe, il s'attacha principalement à montrer l'histoire des idées, dans une démarche proche de celle d'Isaiah Berlin.

Citations

  • « Le travail destructeur de la machinerie totalitaire [..] s'appuie généralement sur une philosophie sociale primitive d'un certain type. Elle proclame non seulement que l'intérêt général de la "société" a l'ascendant sur tous les intérêts particuliers, mais que l'existence même des individus en tant que personnes est réductible à l'existence du « tout » social ; en d'autres mots, l'existence de la personne est, dans un drôle de sens, irréelle. C'est une fondation pratique pour toute idéologie de l'esclavage » (in "Totalitarianism and the Virtue of the Lie", repris dans Is God Happy? Selected Essays (2013), Basic Books, p. 57[5]
  • « Nous apprenons l'histoire non pas pour savoir comment nous comporter ou comment réussir, mais pour savoir qui nous sommes » ("The Idolatry of Politics", Discours pour la Jefferson Lecture de 1986
  • « Il nous semble parfois que le passé est notre propriété. A vrai dire, et au contraire, c'est lui qui nous possède. Nous ne sommes pas capables de le changer, et il remplit toute notre existence. »[6]
  • « Le marxisme a été le plus grand fantasme du XXe siècle » (in Main Currents Of Marxism, 1978)

Notes et références

  1. "Leszek Kolakowski", The Economist, 30 juillet 2009, [lire en ligne]
  2. Il manque le 3e volume en français.
  3. Par exemple dans plusieurs conférences reprises dans Le village introuvable, Complexes, 1986
  4. Cité par Nicolas Werth, « Stalinisme », dans Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), 1938-1948 : Les années de tourmente, de Munich à Prague. Dictionnaire critique, Paris, Flammarion, 1995, p. 1063.
  5. Citation anglaise originale : The destructive work of totalitarian machinery, whether or not this word is used, is usually supported by a special kind of primitive social philosophy. It proclaims not only that the common good of 'society' has priority over the interests of individuals, but that the very existence of individuals as persons is reducible to the existence of the social 'whole'; in other words, personal existence is, in a strange sense, unreal. This is a convenient foundation for any ideology of slavery.
  6. Klucz niebieski albo opowieści biblijne zebrane ku pouczeniu i przestrodze

Publications

  • Chrétiens sans Église : la conscience religieuse et le lien confessionnel au XVIIe siècle, Gallimard, 1966.
  • L'Esprit révolutionnaire ; (suivi de) Marxisme, utopie et anti-utopie, Éditions Complexe, Bruxelles, 1978.
  • La Philosophie positiviste, Denoël, Paris, 1976.
  • 1986,
    • a. "The Idolatry of Politics", The Fifteenth Jefferson Lecture in the Humanities, Washington: National Endowment for the Humanities
    • b. Le Village introuvable, Bruxelles: Éditions Complexe
  • Histoire du marxisme, Fayard, 1987
    • I) Les Fondateurs, Marx, Engels et leurs prédécesseurs ;
    • II) L'âge d'or de Kautsky à Lénine.
    • Le troisième tome a été retiré de la version française
  • Horreur métaphysique, Payot, 1989.
  • Husserl et la recherche de la certitude, L'Âge d'Homme, 1991.
  • Dieu ne nous doit rien : brève remarque sur la religion de Pascal et l'esprit du jansénisme, Albin Michel, 1997.
  • Philosophie de la religion, 10/18, 1999.
  • Petite philosophie de la vie quotidienne, Éditions du Rocher, 2001.
  • La Clef céleste ou Récits édifiants de l'histoire sainte réunis pour l'instruction et l'avertissement, Bayard, 2004.

Voir aussi

Liens externes


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