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Justice sociale

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La justice sociale ou justice distributive est un ensemble de formules en vue de déterminer et répartir les avantages, les droits et devoirs issus de la coopération sociale. Elle est aussi un sous-produit du jeu politique qui prétend aboutir à une répartition « socialement juste » des richesses ou revenus dans une société. Postulant à fonder des principes politiques sous la bannière des inégalités, cela ne va sans un certain risque de contorsion à la notion de Justice et, pouvant être porteuse de sentiments d'envie véhiculant animosité et violence, elle peut être source de conflits entre individus. Dans les différents contextes où les situations de vie sont perçues comme « injustes », naturellement la réaction sera de trouver un coupable, tandis que le « tort » éprouvé ne provient pas forcément d'un dommage causé par le fait d'une action responsable. Bien sûr, pour juger du juste ou de l'injuste, le critère de l'action volontaire ou involontaire peut trancher sur le légitime ou l'illégitime. Cela suppose aussi que des individus placés dans différentes positions sociales parviennent à atteindre une certaine unanimité sur ce que doivent être les principes de justice au sein de l'organisation sociale.

D'un autre côté, en tant que sous-produit du « marché politique », la demande de « distribution » suppose un pouvoir politique et social interventionniste et l'illusion que le progrès social peut être durablement soutenu par une incessante augmentation des impôts et taxes. Les conséquences inévitables des politiques distributives sont : une surenchère permanente, une crispation et tension des différentes situations sociales, une augmentation de l'insécurité et des sentiments d'injustice.

A noter que le terme de "justice sociale" avait un autre sens au XVIIIe siècle : il désignait le droit naturel à ne pas être opprimé. Louis XVI, au nom de la "justice sociale", abolit ainsi le servage (et les droits dérivés : mainmorte et droit de suite) par son édit du 8 août 1779.

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Une théorie politique et morale

«  Voilà en quoi consiste la justice politique, à laquelle nous devons tendre, mon cher Clinias, ayant toujours les yeux sur cette espèce d’égalité, dans l’établissement de notre nouvelle colonie : quiconque pensera à fonder un État, doit se proposer le même but dans son plan de législation, et non pas l’intérêt d’un ou de plusieurs tyrans ou l’autorité de la multitude, mais toujours la justice, qui, comme nous venons de dire, n’est autre chose que l’égalité établie entre les choses inégales, conformément à leur nature. »

Platon, Les Lois

«  Puisque le caractère de l’injustice est l’inégalité, il est évident qu’il doit y avoir un milieu par rapport à ce qui est inégal, et ce milieu sera précisément ce qui est égal. Car, dans toute action où il peut y avoir du plus ou du moins, il doit y avoir aussi une égalité possible ; et par conséquent, si on appelle injuste ce qui s’écarte de cette égalité, le juste sera ce qui y est conforme. »

Aristote, Éthique à Nicomaque

Dans la pensée politique le concept de Justice Sociale occupe une place centrale, non seulement en tant que catégorie morale, mais surtout en tant que philosophie politique. C'est notamment dans la thèse élaborée par John Rawls que nous retrouvons ce double aspect de la question de la justice. C'est ce qui, par ailleurs, a conduit Robert Nozick à affirmer : « les philosophes politiques doivent désormais travailler dans le cadre de la théorie de Rawls, ou alors expliquer pourquoi ils ne le font pas ».

Rawls s'est interrogé sur les critères d'identification des principes de justice partant d'une situation fictive qu'il a nommée « position originelle » inspirée des théories du Contrat social. Le point de départ est donc cette position où est placé un observateur idéal qui adopte un point de vue impartial et qui considère les autres membres de la société. Ainsi, sous un « voile d'ignorance », l'évaluateur idéal, sans privilégier les préférences d'un quelconque individu ou groupe d'individus, doit atteindre un premier stade dans la formulation d'un jugement sur la juste répartition. La condition de neutralité et juste mesure doit permettre d'identifier les principes qui respectent un principe d'universalisation. Pour Rawls il s'agit d'aboutir à des normes justifiant les exigences morales des « discutants » formulant des jugements impersonnels.

La première difficulté de cette approche est celle de l'observateur face aux différents états du monde et les différentes préférences des individus. En effet, comment concilier et traiter de manière égale tous les membres d'une société tout en respectant sa pluralité et aboutir au même temps à un calcul rationnel des préférences ? Une fois le voile d'ignorance levé, les rapports dans la société seront ils justes ou injustes ? Rawls a sans doute vu dans le dilemme de l'observateur impartial la difficulté de concilier la neutralité avec les règles de calcul utilitariste. Pour Rawls le problème de l'ignorance du décideur social a bien sûr joué un rôle dans son refus de la théorie utilitariste. C'est pour cette raison qu'il a proposé une approche de type Kantien, où la juste répartition passe par les principes des libertés de base et l'égalité des opportunités et chances, comme garanties contre les contingences sociales.

Une justification d'un strict égalitarisme

D'abord pensée et définie comme une vertu personnelle, la justice, accolée d'un adjectif, ici le « social »(c'est à dire politique), sert ici à justifier l'idéal d'égalité sociale.

Selon la conception de la justice distributive, les institutions doivent offrir les moyens ou ressources devant être re-distribuées de façon à compenser les individus défavorisés. De ce premier plan découle certains mécanismes, comme celui d' « égalité des chances », condition pour offrir les mêmes opportunités de départ. La rhétorique égalitariste a tendance à négliger l'hétérogénéité des situations et la diversité humaines, par conséquent, imposer une échelle commune à des situations diversifiées ne peut que conduire à la création de nouvelles inégalités. La justice lorsqu'elle est abordée d'un point de vue essentiellement matérialiste risque d'ouvrir tout à des mesures quantitatives arbitraires. C'est le supplice antique du "lit de Procuste", du nom de ce brigand qui raccourcissait les grands et allongeait les petits.

L’égalitarisme a aussi tendance à être un égalitarisme relatif. Il vaut mieux que deux personnes ne gagnent rien qu’une des deux gagne un peu plus.

L’égalitarisme doit aussi spécifier l’aspect temporel. L’égalité des ressources matérielles est valable pendant quelles périodes de temps ? Juste au début et on laisse ensuite la distribution de ressources se répartir selon les choix faits par les individus (starting-gate théorie) ou doit-elle être imposée constamment ? C’est en général cette dernière solution qui est proposée par les défenseurs de l’égalitarisme strict.

Cette conception de la justice a de nombreux défauts :

  • elle nie le caractère subjectif de la valeur
  • elle est matérialiste
  • elle est arbitraire
  • elle réduit la liberté des gens puisqu’on leur impose ce qu’ils peuvent posséder
  • elle ne prend pas en compte le mérite des personnes : celui qui travaille plus n’a pas forcément plus
  • selon les théories du bien-être social, d’autres distributions de ressources interdites par cette conception de la justice permettraient néanmoins aux gens d’être plus heureux.

La notion de justice sociale, fondée sur un égalitarisme implicite, fournit l'alibi de toute politique démagogique de redistribution et devient le paravent le plus cynique de l'égoïsme : pour ceux qui parlent de "justice sociale", il n'est pas question de partager avec les moins riches qu'eux, mais bien d'accroître leur propre revenu aux dépens des autres.

Par ailleurs, comme le souligne Friedrich Hayek dans La Présomption fatale, la justice sociale est auto-contradictoire : elle redistribue une richesse qui n'aurait jamais été créée dans un système égalitariste, car cette création de richesse est motivée par la quête du profit.

La justice sociale selon John Rawls

John Rawls, professeur de philosophie, grand théoricien américain de la justice, a considéré que la justice sociale est la structure de base de la coopération sociale et société. Sa théorie de la justice a été conçue en tant que théorie de la justice comme équité (justice as fairness).

Sa théorie repose sur deux principes qui sont, classés par priorité :

Premier principe

Les libertés de base des citoyens sont, en gros, la liberté politique, la liberté d’expression, de réunion, la liberté de pensée et de conscience, la liberté de la personne, le droit de propriété (personnelle), la protection à l’égard de l’arrestation et de l’emprisonnement arbitraires. Il est requis par le premier principe que ces libertés soient égales puisque les citoyens d’une société juste doivent avoir les mêmes droits de base.

Second principe

les inégalités économiques et sociales doivent être organisées de façon à ce que, à la fois :

  • l’on puisse raisonnablement s’attendre à ce qu’elles soient à l’avantage de tous et au plus grand bénéfice des plus désavantagés (principe de différence)
  • qu’elles soient attachées à des positions et à des fonctions ouvertes à tous.

D’après le premier principe, les libertés de contracter et le droit de propriété des moyens de production ne sont pas reconnus donc pourraient être réduits par le second principe.

Concernant le second principe, les différences de richesse ne seront pas autorisées au titre de la simple liberté (liberté de posséder, de contracter) mais pour la seule raison qu’elles permettent d’augmenter les espérances des plus pauvres et dans la proportion seulement où elles le permettent.

L’idée du principe de différence est qu’il y a plusieurs distributions optimales au sens de Pareto mais il n’y en a qu’une qui soit juste. Ainsi, Rawls tente de mettre en place des règles qui permettront de sélectionner ce juste optimum. Malheureusement, il oublie qu’en intervenant ainsi sur la société, il changera les conditions de fonctionnement et les optima mis en évidence n’existeront plus. Il n’est pas possible de séparer la production de la distribution car c’est à travers la détermination des prix des facteurs de production que l’ordre global du marché est construit.

Ainsi, Rawls commet la même erreur que les constructivistes : s’imaginer que l’on puisse être extérieur à la société, que l’on puisse en avoir une connaissance parfaite et que l’on puisse la contrôler comme on le veut.

Rawls veut rendre le bonheur de chacun indépendant de son bon ou mauvais naturel.

Sa théorie de la justice est une belle tentative pour concilier la liberté et l’égalitarisme. Elle sacrifie un peu trop la liberté et ne donne pas assez de place au mérite puisque si vous travaillez plus vous n’avez pas droit aux fruits de votre travail sauf si ce travail améliore aussi la condition d’autrui.

Selon Rawls, les individus placés sous un voile d'ignorance seraient mutuellement désintéressés et débarrassés de tout préjugé social. Une question qui peut se poser est celle de savoir comment les individus se trouvant dans une telle situation originale pourraient être en condition de se mettre à réfléchir à des principes de justice prétendant les favoriser sachant qu'ils ignorent tout de leur situation sociale. Comment les individus désintéressés pourraient vouloir l'égalité de tous ? Il serait cohérent de considérer la coopération sociale comme fondée sur une « harmonie des intérêts », plutôt que sur un désintéressement mutuel.

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Principes de justice fondés sur les ressources

Selon cette vision de la justice (aussi appelée égalitarisme des ressources), il n’est pas juste que les gens ne disposent pas des mêmes ressources naturelles voire des mêmes qualités physiques et intellectuelles.

Il faudrait donc compenser ces différences. Cette vision de la justice est un peu similaire à la précédente mais ici on s’intéresse moins aux actions qu’aux objets sur lesquels elle s’exerce. On ne cherche pas forcément à limiter certaines actions mais à assurer l’égalité des conditions de départ.

La question qui se pose est : comment compenser ? Pour les qualités physiques et intellectuelles, cela suppose que l’on peut mesurer et comparer d’un individu à l’autre des qualités comme l’expression écrite, la facilité pour les langues étrangères, l’art, l’intelligence, la personnalité etc… C’est la porte ouverte au plus grand arbitraire et probablement au totalitarisme.

Pour les ressources naturelles cela semble plus simple : il suffirait d’évaluer la valeur d’une ressource. Oui mais : une ressource naturelle n’a pas de valeur en elle-même. Ce qui lui donne la valeur c’est que quelqu’un a identifié qu’il y avait une demande et qu’en exploitant la ressource d’une certaine façon, on pourrait satisfaire cette demande.

Néanmoins, supposons quand même que l’on a trouvé un moyen d’estimer la valeur de la ressource (enchères ? marché déjà existant pour des ressources de même type ?). Que faire de cette estimation ? Diviser par le nombre de personnes qui n’ont pas accès à cette ressource ? Avec 6 milliards d’individus cela ferait une somme négligeable même pour des ressources de grande valeur et on ne pourrait pas appeler ça une compensation.

Donner une somme équivalente à toutes les personnes qui sont exclues de l’usage de cette ressource ? C’est confondre la monnaie avec l’origine de la valeur qui est la ressource exploitée. Distribuer cette compensation à tout le monde n’aurait pas d’autre effet que de faire baisser la valeur de la monnaie. La valeur est effectivement dans la mise en valeur qui a été faite par l’individu qui s’est approprié la ressource. On peut même dire qu’il a rendu service à la société en trouvant comment satisfaire un besoin nouveau.

La compensation devrait aussi essayer de prendre en compte le fait que les gens qui reçoivent la compensation n’évaluent pas tous la ressource de la même façon. Ce qui rajoute une nouvelle complexité non négligeable.

Autrement dit, on cherche à distribuer quelque chose qui n’existe pas encore : la valeur qui aurait pu être ajoutée à une ressource si une personne différente l’avait exploitée.

Pour finir, cette conception de la justice oublie probablement que ce sont les différences dans les conditions de départ qui font la société, le commerce et les échanges. Et que ce n’est pas parce qu’on ne dispose pas de la même mise initiale que l’on est forcément inutile. Cette vision fausse repose sur les avantages absolus mais ce qui compte ce sont les avantages comparatifs.

Justice fondée sur le mérite

Selon cette conception de la justice, prônée par John Stuart Mill en particulier, les gens devraient être récompensés selon :

  • La valeur de leur travail pour la société
  • Leurs efforts dans le travail

Les problèmes posés par cette conception sont :

  • Comment déterminer la valeur de la contribution à la société
  • Comment déterminer l’effort effectué. La productivité pouvant être très variable d’une personne à l’autre
  • La valeur d’un travail ou l’effort à faire ne dépendent pas forcément que de soi dans une société ou nous avons besoin d’interagir avec autrui et d’échanger pour parvenir à quelque chose.

Justice du bien-être social

La justice du bien-être social est principalement une invention des économistes. La théorie économique est censée être neutre et ne répondre qu’à des questions du genre : quelles seront les conséquences de telle action. La théorie économique n’est pas censée indiquer les buts à atteindre.

Les économistes ont voulu étendre leur théorie afin de pouvoir conseiller les politiques. Ce faisant, ils ont introduit, cachés sous des couches de mathématiques, des principes éthiques implicites totalement non justifiés.

Il y a eu, par exemple, l’utilité. Une mesure d’utilité permettant de calculer les préférences d’une population. L’utilitarisme a été abandonné, s’effondrant sous les critiques.

Le concept d’utilité a été remplacé par les courbes d’indifférences et la notion de fonction de bien-être social qui est censée mesurer le bien-être d’une société dû à un état donné de la distribution de biens et services. Il y a de nombreuses fonctions différentes. Il semble presque qu’il soit possible de justifier n’importe quelle distribution en choisissant la bonne fonction. C’est l’arbitraire le plus total. Ces fonctions ne sont justifiées par rien.

La seule notion qui tient la route, mais n’est pas très utile, est la notion d'unanimité de Pareto. On peut dire que le bien-être social a augmenté en raison d’un changement si personne ne se sent moins bien et au moins une personne se sent mieux (optimum de Pareto).

Il y a de nombreux changements pour lesquels il est impossible de conclure avec cette règle. En outre, cette règle s’appliquant à des transitions, elle ne dit rien sur la justice de la distribution initiale.

Pour finir, la notion de bien-être social nie totalement l’individu. Selon les utilitaristes, il serait même justifié de sacrifier certains individus pour le bien-être de la société.

Justice libertarienne

Toutes les conceptions de la justice précédentes se placent hors de la société. La plupart (sauf peut-être Rawls bien que le second principe parle d’organiser les inégalités) se préoccupe de situations initiales ou finales plus que des actions.

La justice libertarienne est totalement différente en cela qu’elle s’intéresse aux actions. Ce ne sont pas les situations de départ ou d’arrivée qui sont justes (et selon quels critères ? ils sont tous plus ou moins arbitraires) : ce sont les actes. Le droit de chacun est fondé sur le droit naturel. Par un contrat, le droit de l'un se définit comme étant l'obligation de l'autre. Le tribunal arbitral est l'exécution d'une clause du contrat qui oblige les parties. La décision du Tribunal arbitral oblige ainsi les parties au même titre que le contrat lui-même.

La justice libertarienne ne cherche pas l’omniscience. Elle ne cherche pas à définir a priori ce qu’est une distribution de départ ou d’arrivée juste. Elle ne cherche pas à organiser la société pour établir cette distribution.

La justice libertarienne fournit des moyens. Ce n’est pas une justice de buts mais de moyens. Elle définit ce qu’il est juste ou injuste de faire sachant très bien que ce n’est que progressivement que l’Humanité pourra définir ce qu’est une situation juste et y parvenir (ou s’en rapprocher suffisamment) si on lui en donne les moyens.

Coût de la redistribution

Les politiques de redistribution financées par l'impôt ont un coût direct et un coût indirect. Le coût direct se voit : ce sont les regrettables gabegies de gestion. Certaines gabegies sont occasionnelles. D'autres gabegies sont structurelles. Ces gabegies se voient ostensiblement. Le coût indirect est constitué par tout ce dont la sphère productive a été privée de par la spoliation étatique.

Contrairement aux apparences, l'ampleur de la destruction de richesse dépasse le coût de gestion des sommes redistribuées. Plusieurs économistes démontrent de manières différentes que le coût indirect du prélèvement d'impôt est égal, en tendance, à l'impôt lui-même.

En effet, les victimes de l'impôt contre-investissent pour réduire leur impôt et réagissent à la spoliation étatique. Le libertarien juge que l'impôt est du vol. À chaque impôt correspond une illusion fiscale spécifique. L’État fabrique et entretient à grands frais cette illusion fiscale. D'autre part, les bénéficiaires du butin pseudo-investissent pour accaparer le butin que représente l'argent des impôts. Ces bénéficiaires sont les fonctionnaires et les destinataires des redistributions étatiques.

La somme des pseudo-investissements et des contre-investissements tend naturellement vers le montant des impôts. Ce mécanisme naturel résulte de la nature humaine. Il fonctionne comme les autres mécanismes tendant vers un équilibre. L’État cesse de prélever des impôts lorsqu'un supplément d'impôts produirait une diminution de son revenu. La victime cesse de contre-investir lorsque le coût de son effort de protection dépasserait la valeur de ce qu'elle doit protéger. Voir la loi de Bitur-camember.

Bibliographie

  • 1984, Jean-Pierre Dupuis, "Le libéralisme et la question de la justice sociale", Cahiers du CREA
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Question Sur L'obsession De Justice Sociale (for)

Voir aussi

Liens externes

Citations

  • Pour un libéral, la justice sociale ne se mesure pas à la dispersion des revenus. Elle consiste à créer les conditions qui donneront à chacun les mêmes chances de s'élever grâce à ses efforts. Pour schématiser, ce qui intéresse avant tout un libéral, c'est combien de pauvres deviennent riches et non pas combien il y a de pauvres et de riches. (Jacques Garello)
  • En matière de "justice sociale", quelle est l’action humaine qui pourrait être réputée injuste ? Qui est le responsable de l’injustice ? On comprend qu’un criminel finisse ses jours en prison pour avoir enfreint une règle, qui est celle du respect des biens et des personnes. On ne voit pas en quoi consiste l’injustice sociale, puisque ceux qui en parlent et s’en réclament se réfèrent à une règle (en principe une règle de distribution des revenus ou des richesses). Une conséquence de cette évidence est que l’injustice sociale s’auto-génère. Il suffit que quelqu’un définisse une nouvelle norme de justice sociale pour que de nouvelles injustices apparaissent. Ce sera donc une surenchère permanente, En d’autres termes, il n’existe pas de situation sociale dans laquelle on peut dire « justice est faite ». Concept purement arbitraire et quantitatif, la "justice sociale" n’obéit à aucune règle morale. (Anthony de Jasay)
  • Imposer des transferts obligatoires, c’est-à-dire prendre des ressources à ceux qui les ont créées par leurs propres efforts pour les remettre à d’autres qui ne les ont pas créées, quelles que soient les situations respectives des uns et des autres, revient à dire que les seconds ont des droits sur les premiers. Mais il est totalement incohérent de vouloir défendre la liberté humaine et d’admettre en même temps l’idée que quelqu’un a des droits sur vous et sur vos propriétés, c’est-à-dire sur le produit de votre activité. Il existe de ce point de vue une différence radicale entre les transferts obligatoires et les transferts volontaires – inspirés par l’altruisme et la morale individuelle – car on ne peut légitimement transférer que ce que l’on possède légitimement. Et on ne peut donc légitimement recevoir que ce qui vous est transféré volontairement par un propriétaire légitime. Tout le reste est violence et ne peut être que violence. La politique sociale, c’est donc la guerre des uns contre les autres. Et c’est une imposture que d’utiliser le beau mot de justice pour couvrir des actes de violence qui sont à l’opposé de la vraie solidarité et de la vraie charité.}}(Pascal Salin)
  • Lorsque nos politiciens parlent de « réduire les inégalités », ce ne sont pas du tout les inégalités de valeur entre les hommes qui les préoccupent - on se demande d'ailleurs comment ils réduiraient celles-ci, la valeur de chacun ne dépendant que de soi -, mais seulement leurs inégalités économiques, dont la plupart sont pourtant justifiées. (Pierre Lance, Au delà de Nietzsche, 1976)
  • Je suis persuadé que la « justice sociale » finira par être reconnue comme un phantasme qui a entraîné les hommes à abandonner nombre de valeurs qui ont, par le passé, inspiré le développement de la société - comme une tentative pour donner satisfaction à une nostalgie nous rattachant aux traditions du groupe humain restreint des origines, mais qui a perdu toute signification dans la société ouverte des hommes libres. (Friedrich Hayek, Droit, législation et liberté, Le mirage de la justice sociale)
  • J’en suis arrivé à sentir très vivement que le plus grand service dont je sois encore capable envers mes contemporains serait de faire que ceux d’entre eux qui parlent ou écrivent éprouvent désormais une honte insurmontable à se servir encore du terme "justice sociale". (Friedrich Hayek, Droit, législation et liberté)
  • La création du mythe de la « justice sociale » est largement le produit de cette machinerie démocratique particulière, parce qu’elle pousse les élus à inventer une justification morale pour les avantages qu’ils confèrent à des intérêts particuliers. (Friedrich Hayek)
  • Laissez-moi vous fournir ma définition de la justice sociale : je conserve ce que je gagne et vous conservez ce que vous gagnez. Vous n'êtes pas d'accord ? Dans ce cas dites-moi quelle part de mon revenu doit vous revenir — et pourquoi ? (Walter E. Williams)
  • Croyant éradiquer la misère de ce pays, des êtres bien-pensants et animés d'intentions pures en éradiquent la richesse. En France, les impôts ne sont pas une contribution à la bonne marche de l’État. Ils sont un instrument de "justice sociale". Il me paraît extrêmement dangereux que la justice ait besoin d'un adjectif, mais cela ne semble choquer personne. (Simone Wapler)
  • La question de savoir si une distribution est juste dépend de la façon dont elle a été produite. [1]. (Robert Nozick)
  • Chaque fois que nous utilisons la violence en dehors du cadre strict du Droit de propriété, nous nous faisons l’auxiliaire du Mal. Le mensonge de notions comme la « justice sociale », qui nous conduit à déployer la violence contre des innocents, n’est qu’une des ruses du Mal pour agir dans le monde. (Christian Michel)
  • Il suffit de rappeler une des lois les plus fondamentales de l’économie selon laquelle toute redistribution obligatoire des richesses ou des revenus, indépendamment des critères sur lesquels elle se fonde, implique de prendre à certains – les possédants quelque chose – et de le donner à d’autres – les non-possédant quelque chose. En conséquence, l’incitation à être un possédant est réduite tandis que l’incitation à être un non-possédant est accrue. Ce qu’a le possédant est typiquement considéré comme "bon" et ce que n’a pas le non-possédant est considéré comme "mauvais" ou déficience. C’est, en effet, l’idée même sous-jacente à toute redistribution : certains ont trop de bonnes choses et d’autres pas assez. Le résultat de toute redistribution est qu’on produira donc moins de "bon" et toujours plus de "mauvais", moins de perfection et plus de déficiences. (Hans-Hermann Hoppe, Démocratie, le dieu qui a échoué, chap.10)
  • Il semble que ce soit une évolution normale pour l’État que de commencer par acheter l’adhésion de ses sujets au moyen d’un programme redistributif toujours plus étendu, et ensuite de réprimer les frustrations causées par un tel projet, qui vont à l’encontre du but recherché, en se faisant de plus en plus totalitaire. La métaphore de la plantation servile, peut-être bienveillante et attentionnée mais néanmoins esclavagiste, semble donc représenter la phase finale de l’évolution rationnelle de l’État. (Anthony de Jasay)
  • L'État redistributif tutélaire repose sur trois groupes fonctionnels qui ne peuvent garantir sa stabilité à long terme : les contributeurs nets, qui ne sont pas prêts à le financer indéfiniment, les bénéficiaires nets, qui sont insatiables, et les fonctionnaires qui dépendent du système et gèrent à la fois la redistribution et le paternalisme qui lui est associé. (Robert Nef, 06/12/2020)

Notes et références

  1. "Whether a distribution is just depends upon how it came about." (Anarchie, État et Utopie)


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