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École de Paris

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Héritière du mouvement physiocratique, l’École de Paris a rassemblé les publicistes fidèles à la philosophie libérale. Engagés en politique, ses membres ont combattu à la fois le conservatisme de la Monarchie de Juillet et le socialisme d’État qu’inaugure la Seconde République. Sur le plan des idées c’est le chaînon essentiel entre les économistes du XVIIIe siècle et le néo-libéralisme du XXe. Faute d’enseignement de l’économie dans les Facultés jusqu’en 1878, l’économie politique n’existe que dans la capitale française.

La position dominante de l'École de Paris 1832-1878

L’école libérale française a été discréditée par une prétendue nouvelle école incarnée principalement par Charles Gide qui l’a qualifié d’orthodoxe ou d’optimiste. Les libéraux français ont été présentés comme des esprits sectaires et réactionnaires, des amateurs doués pour le pamphlet et la polémique mais n’ayant que peu apporté à la théorie économique.

Avant 1878, l’économie politique, considérée par le pouvoir comme subversive, était absente du système universitaire français : les chaires d’économie politique avaient donc été créées hors du système. La plus ancienne et la plus prestigieuse, celle du Collège de France, a été occupé successivement par Jean-Baptiste Say, Pellegrino Rossi, Michel Chevalier et Paul Leroy-Beaulieu, tous membres de l’école libérale. Les conférences données, ouvertes à un large public, ne s’adressaient pas spécifiquement à des étudiants et l’enseignement ne visait nullement à déboucher sur des examens, à délivrer des diplômes ou à assurer une formation professionnelle. Une chaire d’histoire des doctrines économiques devait également être créée au Collège de France et attribuée à Henri Baudrillart puis à Pierre-Émile Levasseur.

D’autres chaires d’économie politique existaient dans diverses écoles techniques et professionnelles : au Conservatoire des Arts et Métiers (1820) occupée par Jean-Baptiste Say, Adolphe Blanqui puis Léon Wolowski ; à l’École supérieure de Commerce où l’on retrouve Blanqui puis Joseph Garnier qui enseignait aussi à l’École des Ponts et Chaussées et à l’École Commerciale de l’avenue Trudaine.

Le cœur intellectuel de l’école libérale était l’Institut de France et plus particulièrement l’Académie des Sciences Morales et Politiques qui encourageait divers travaux dans le cadre de concours où le gagnant recevait non seulement une généreuse récompense mais aussi se voyait décorer du titre de Lauréat de l’Institut.

D’autres institutions contribuaient à répandre l’influence de l’école libérale : la Société d'Économie politique (1842) qui ne comprenait que des économistes et des journalistes favorables au libéralisme, et le Journal des Économistes (1841), le premier périodique économique jamais fondé et le seul en France jusqu’en 1875, dirigé par Garnier, Gustave de Molinari et Yves Guyot. De même l’Économiste français (1873) sous la conduite de Leroy-Beaulieu a contribué au rayonnement de l’école française. L’éditeur Guillaumin, le plus important dans le domaine de l’économie, apparaît très lié avec les économistes libéraux : une des plus importances publications de la maison fut le Dictionnaire d’Économie politique (1852-1853) sous la direction de Charles Coquelin et de Garnier. Sous une forme révisée, le Nouveau Dictionnaire d’Économie politique (1890-1892) fut confié notamment aux bons soins de Léon Say, le petit-fils de Jean-Baptiste.

Le déclin de l'École de Paris

L’école libérale, en dépit de son poids et de son influence, se heurta cependant à de nombreuses oppositions devant combattre à la fois les conservateurs, les socialistes et les protectionnistes. Ainsi en 1848, les débats sur le droit au travail à l'Assemblée provoque de violentes attaques comme celle de Bouhier de l'Ecluse le 14 septembre : Je sais bien qu’il y a une école, qui professe cette doctrine : laissez-faire, laissez passer ; je sais bien que cette école dit : Que chacun s’en tire comme il pourra, je n’ai pas à m’en occuper. Une pareille pensée mise en œuvre est la première cause des souffrances du travailleur, des plaintes que vous entendez aujourd’hui, parce qu’il s’est trouvé des hommes sans cœur qui ont tout pris et n’ont rien laissé, qui ont spéculé sur la sueur des hommes du peuple, qui ont toujours travaillé pour eux et non pour lui.

En 1878, la réforme de l’université entraîna la création d’une chaire d’économie politique dans chaque faculté de droit, reprenant un projet de Victor Duruy remontant au Second Empire. Malheureusement les chaires furent réservées aux agrégés en droit, c’est à dire des juristes qui rejetèrent les idées de l’école française au profit de celles de l’École historique allemande. Charles Gide devait être l’incarnation de ces nouveaux économistes, partisans de l’intervention de l’État et hostiles au laissez faire. Dès ses premiers cours publiés en 1878-1880, Paul Cauwès, professeur à la Faculté de droit de Paris, rejette l’existence des lois naturelles en économie et fait l’éloge du protectionnisme et des idées de Friedrich List. Gide publie ses Principes d’Économie Politique en 1883 et fonde en 1887 la Revue d’Économie politique qui devient l’organe des économistes des facultés de droit. Ainsi donc le déclin de l’école libérale française est en partie le résultat de la professionnalisation de l’enseignement de l’économie en France.

Les membres de l'École de Paris

Les précurseurs

La première génération

La seconde génération

Sources

  • Joseph Salerno, « The Neglect of Bastiat's School by English-Speaking Economists : the Puzzle resolved », 2001.
  • Michel Leter, Éléments pour une étude de l'école de Paris (1803-1852) in Philippe Nemo et Jean Petitot, Histoire du libéralisme en Europe, PUF 2006


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  1. 1853. Du Puynode, Michel Gustave Partounau, "De la monnaie, du crédit et de l’impôt", Volume 1. Paris: Guillaumin
    • 1863, Du Puynode, Michel Gustave Partounau, "De la monnaie, du crédit et de l’impôt", Volume 1. Second edition. Paris: Guillaumin