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Féminisme

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Le féminisme est un ensemble d'idées politiques, philosophiques et sociales cherchant à promouvoir les droits des femmes et leurs intérêts dans la société civile. La pensée féministe vise en particulier l'amélioration du statut des femmes dans les sociétés où la tradition établit des inégalités fondées sur le sexe. Le féminisme travaille à construire de nouveaux rapports sociaux et développe des outils propres à la défense des droits des femmes et de leurs acquis. Ce mouvement est soutenu par diverses théories sociologiques et philosophiques.

Origine et histoire du féminisme

Naissance des mouvements féministes

Mary Wollstonecraft, féministe du XVIIIe siècle

Si le féminisme dans son nom actuel naît au milieu du XIXe siècle, le début de l'expression du féminisme sous d'autres formes datent environ de la Renaissance. Michel de Montaigne dès 1580 écrit dans ses Essais « Les femmes n'ont pas tort du tout quand elles refusent les reigles de vie qui sont introduites au monde, d'autant que ce sont les hommes qui les ont faictes sans elles ». Mais c'est au XVIIIe siècle que le féminisme naît vraiment, avec Mary Wollstonecraft et sa Défense des droits de la femme, Germaine de Staël, etc.). La révolution française cristallise ces enjeux, qui s'expriment dans la bouche de Nicolas de Condorcet, tandis qu'Olympe de Gouges rédige sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. La Révolution permet certains progrès sur l'égalité successorale, l'ouverture du divorce, etc.

Le féminisme du XIXe s'exprime essentiellement sur une thématique de recherche de l'égalité en droit, chez John Stuart Mill (De l'assujettissement des femmes, 1869). Les femmes dans la culture, l'économie et le travail deviennent plus visibles dans les pays occidentaux : Jane Austen, Rosa Bonheur, Florence Nightingale, etc.

L'accession au droit de vote pour les femmes est un combat qui traverse les décennies, avec les suffragettes, du milieu du XIXe siècle jusqu'à après la Seconde Guerre mondiale (obtention du droit de vote pour les femme en 1945 en France, en 1971 en Suisse, etc.).

L'après Seconde Guerre mondiale

L'obtention du droit de vote pour les femmes freine le mouvement féministe, avant de trouver un nouvel élan pour demander la fin des obstacles légaux qui persistent pour atteindre l'égalité en droit. En 1949, Simone de Beauvoir rencontre un succès de librairie avec son Deuxième Sexe, où elle affirme « On ne naît pas femme, on le devient ». L'égalité en droit s'élargit à la capacité à disposer de son propre corps : droit à la contraception, liberté de choix sur l'avortement, etc.

Une partie du mouvement féminisme commence aussi dans cette période à se fourvoyer dans un compagnonnage avec l'extrême gauche et un radicalisme dangereux. Sartre et Simone de Beauvoir visitent une dizaine de fois l'URSS dans les années 1960, tandis que Simone de Beauvoir se lie avec Fidel Castro, Che Guevara ou Mao Zedong, recourt à l'antisémitisme. Le féminisme éclate entre féminisme socialiste, féminisme marxiste, féminisme individualiste, etc., qui deviennent plus révélateur des idées politiques profondes de leurs défenseurs, que d'un féminisme dont les combats deviennent plus radicaux à mesure que l'égalité en droit est atteinte.

Féminisme(s) contemporain(s)

Le féminisme contemporain est de plus en plus multiple, au point qu'on peut parler plutôt de féminismes au pluriel. Certains féministes se revendiquent explicitement d'un féminisme individualiste (Cathy Young, Cathy Reisenwitz, Wendy McElroy, Mathilde Berger-Perrin etc.) ou défendent un féminisme plus proche de sa tendance historique, défenseur de l'égalité en droit avant tout (Élisabeth Badinter, Peggy Sastre, etc.).

D'autres, pleinement engagés dans une démarche qui confine au wokisme, cultivent un discours victimaire, justifiant tous les excès inverses pour compenser les torts des générations passées. Comme le résume l'intellectuel suisse Christian Michel, parlant de ce genre de féminisme, le plus visible aujourd'hui[1] :

« Le discours féministe est fondé sur la culpabilisation. Comme le tiers-mondisme, il est un exercice de victimolâtrie. »
    — Christian Michel

On peut estimer que ce mouvement féministe, de plus en plus radical, politisé et militant, contribue fortement à l'exacerbation des sentiments de discrimination, aggravant de fait les relations entre hommes et femmes. Bien entendu, le harcèlement sexuel est inacceptable et condamnable, toutefois le point de vue selon laquelle tout homme est un machiste et sexiste en puissance ne contribue pas forcément à rendre justice aux situations inacceptables réelles. Développer des sentiments de haine et mépris envers le sexe opposé est dans tous les cas, qu'on soit homme ou femme, une situation à risque et inacceptable.

Certains féministes particulièrement radicaux vont jusqu'à la défense de la gynarchie.

Libéralisme et féminisme

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Pour les libéraux, la discrimination basée sur la différence des sexes est en contradiction avec le principe d'égalité en droit, pilier fondamental du libéralisme politique. Cela s'applique bien sur au fait de priver les femmes de certains droits (droit de vote dans le passé, droit d'ouvrir un compte bancaire sans son mari, etc.), ce qui fait que les libéraux ont historiquement été parmi les plus ardents défenseurs des droits des femmes (Nicolas de Condorcet, Yves Guyot, Germaine de Staël, John Stuart Mill, Frédéric Passy, Suzanne La Follette, Voltairine de Cleyre, Ludwig von Mises[2] etc.), comme ils ont aussi été des défenseurs des droits des minorités (opposition à l'esclavage, à la colonisation, etc.).

Cette défense de l'égalité en droit fonctionne également en sens inverse, avec une opposition à tout ce qui avantage dans l'autre sens (privilèges accordées aux femmes ou à des minorités) : discrimination positive, parité, etc. Le féminisme libéral ne revendique pas la discrimination positive ou la parité, a contrario du féminisme radical, mais se revendique de l'égalité en droit, et du retrait de tout ce qui empêche cette égalité devant la loi. Comme le résume Emmanuel Garessus[3] :

« Le féminisme libéral se distingue du féminisme étatiste par son objectif. Le premier vise une égalité des chances, le deuxième une égalité des résultats. La même chance d’être directrice contre l’obligation d’avoir 50 % de directrices, que les préférences pour le management soient fortes ou non. »

Ainsi, les libéraux s'opposent à ce qui est ingérence étatique pour régler des supposés problèmes qui relèvent non pas de l'égalité devant la loi, mais de la liberté individuelle. Au premier chef figure le sujet régulier du différentiel de salaire entre hommes femmes. Au delà du discours victimaire sur le différentiel de salaire entre homme et femme qui serait de 20%, celui-ci est largement la résultante de choix faits par les hommes et les femmes (travail à temps partiel ou non, carrières en pointillé pour élever les enfants, etc.). Selon les chiffres officiels de l'INSEE, l'écart résiduel, non expliqué par le temps partiel et la différence de seniorité, est de 4% en 2021[4]. Agir sur cet écart est rejeté par libéraux :

  • pour des raisons éthiques, car le fait de travailler à temps partiel ou non, ainsi que le salaire attribué à chaque salarié relève de la liberté individuelle du travailleur et de l'entreprise
  • pour des raisons opérationnelles, car tenter de diriger les salaires est coûteux, inefficaces, et contreproductif
  • enfin car l'économie de marché laissée à elle-même est déjà l'un des meilleurs moyens possibles pour parvenir à une égalité de traitement des hommes et des femmes sur le marché du travail

Il est regrettable, et dommageable pour l'action publique, que jusqu'au plus haut sommet de l’État[5], ce sujet soit détourné au profit d'intérêt clientélistes qui sabotent l'autorité d'un État qui devrait plutôt se concentrer sur ses fonctions régaliennes au lieu d'opposer artificiellement hommes et femmes.

L'économiste libertarien Murray Rothbard tenta dans un essai Le Grand Problème de la Libération des Femmes, de résumer cette pensée libérale

« Le revenu moyen inférieur des femmes peut être expliqué par plusieurs raisons, dont aucune ne suppose une discrimination «sexiste» irrationnelle. L’une d’elles est le fait que la grande majorité des femmes travaillent quelques années et consacrent ensuite une grande partie de leurs années productives à élever des enfants, après quoi elles peuvent décider ou non de réintégrer le marché du travail. Par conséquent, elles tendent à travailler principalement dans des secteurs ou dans des types d’emplois qui n’exigent pas d’engagement de carrière à long terme. (...) Cette tendance générale à passer des années à élever des enfants explique aussi en grande partie l’échec à promouvoir les femmes vers des emplois de rang supérieur. »
    — Murray Rothbard, Le Grand Problème de la Libération des Femmes : Clair et Sans Détour

Rothbard note aussi que l'objection que les postes de direction sont occupés davantage par des hommes que des femmes ne relève pas d'une « pratique discriminatoire » et ne justifie pas l'instauration de quotas : il rappelle que certaines professions sont davantage occupées, par exemple, par des juifs, et qu'on n'imagine pas opérer des « purges » pour rétablir une improbable « équité » en faveur des non-juifs. Pour lui, le féminisme revendicateur est une forme d'antilibéralisme promu par la gauche pour opprimer le travailleur blanc moyen.

Liberté économique et condition de la femme

Les classements de la liberté économique dans le monde soulignent tous la corrélation positive entre condition de la femme et liberté économique. D'après les chiffres de l'année 2015 de l'Economic Freedom of the World publié par l'Institut Fraser[6] :

  • l'espérance de vie à la naissance des femmes est de 65 ans dans les pays à liberté économique basse, contre 82 ans dans les pays à liberté économique haute
  • taux de mortalité maternelle lors de l'accouchement : 400 pour 100.000 dans les pays à liberté économique basse contre 26 pour 100.000
  • pourcentage de femmes ayant un compte en banque : 25% dans les pays à liberté économique basse, contre 82%
  • taux d'alphabétisme des femmes : 60% contre 94%

De la même manière, on peut souligner que c'est le capitalisme libéral qui a largement libéré les femmes, par le progrès technique et la consommation, comme le note Chelsea Follett, activiste américaine[7].

Citations

Searchtool-80%.png Article détaillé : Citations sur le féminisme.
  • « Ô femmes ! Vous, les victimes [...], écoutez-moi. La nature et la société ont déshérité la moitié de l’espèce humaine ; force, courage, génie, indépendance, tout appartient aux hommes. » (Germaine de Staël)
  • « Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe à chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec une prostituée ou un paillasson. » (Rebecca West)
  • « Appeler les femmes le sexe faible est un mensonge. C’est une injustice des hommes faite aux femmes. Si la non-violence est la loi de nos êtres, le futur est avec les femmes. » (Mohandas Gandhi)
  • « Tout à leur obsession d’une égale répartition des tâches ménagères entre hommes et femmes – la grande affaire des féministes du genre, le croiriez-vous ? – ces féministes ne comprennent pas qu’elles s’inscrivent dans une théorie plus globale qui sape le fondement même du combat des femmes, en niant la spécificité, et en dernière analyse la réalité même, de leur sexe. » (Drieu Godefridi, 30/07/2015)
  • « A l'heure des révolutions démocratiques, les "femmes" ont été placées en marge de la politique dans le discours sur la différence sexuelle. Le féminisme est né de la contestation de cette exclusion. Son but était d'éliminer la "différence sexuelle" de la politique, et pourtant il devait le faire au nom des "femmes" (qui sont elles-mêmes un produit dans le discours de la "différence sexuelle"). Et dans la mesure où il œuvrait en faveur des "femmes", le féminisme reproduisait cette "différence sexuelle" qu'il tentait d'éradiquer. Toute son histoire en tant que mouvement politique repose sur ce paradoxe : la nécessité d'affirmer et de refuser à la fois la "différence sexuelle". » (Joan Wallach Scott, 1998)
  • « La femme qui aspire à être l'égale de l'homme manque singulièrement d'ambition. » (Dominique Quessada)
  • « La femme sera vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on mettra une femme incompétente. » (Françoise Giroud)
  • « Le second bienfait, qu'on peut attendre de la liberté qu'on donnera aux femmes d'user de leurs facultés, en les laissant choisir librement la manière de les employer, en leur ouvrant le même champ d'occupation, et leur proposant les mêmes prix et les mêmes encouragements qu'aux hommes, serait de doubler la somme des facultés intellectuelles que l'humanité aurait à son service. (...) L'extension de la sphère d'activité des femmes aurait l'heureux résultat d'élever leur éducation au niveau de celle de l'homme, et de les faire participer à tous ses progrès. Mais, indépendamment de cela, le seul abaissement de la barrière serait par lui-même un enseignement de la plus haute valeur. » (John Stuart Mill, De l'assujettissement des femmes, 1869)
  • « Ces deux derniers siècles, l’une des principales contributions du féminisme a consisté à remettre en cause les notions collectivistes de sexe, de combattre pour le droit de chacun à être aussi « féminin » ou « masculin » qu’il le désire et d’accorder aux femmes le droit de vivre de manière aussi traditionnelle, aussi radicale qu’elles le veulent. » (Elizabeth Nolan Brown[8])
  • « L’histoire de la femme est l’histoire de la pire forme de tyrannie que le monde ait jamais connue : la tyrannie du faible sur le fort. C’est la seule tyrannie qui perdure. » (Oscar Wilde)
  • « À aucune époque le sexe faible n’a été traité avec autant d’égards de la part des hommes qu’à notre époque. C’est une conséquence de notre penchant et de notre goût foncièrement démocratique, tout comme notre manque de respect pour la vieillesse. Faut-il s’étonner si ces égards ont dégénéré en abus ? On veut davantage, on apprend à exiger, on trouve enfin ce tribut d’hommages presque blessant, on préférerait la rivalité des droits, le véritable combat. En un mot, la femme perd de sa pudeur. Ajoutons de suite qu’elle perd aussi le goût. Elle désapprend de craindre l’homme. » (Friedrich Nietzsche)
  • (humour)« L’éternel quiproquo entre les femmes et les hommes : les unes veulent des lendemains sans aventure, les autres des aventures sans lendemain. » (Roland Jaccard, 2020)

Notes et références

Bibliographie

  • 1970,
    • Murray Rothbard, Le Grand Problème de la Libération des Femmes : Clair et Sans Détour (The Great Women's Liberation Issue: Setting It Straight, The Individualist, May 1970), Acheter en ligne
  • 1980, J. R. Richards, "The Sceptical Feminist", London, Routledge & Kegan Paul
  • 1982, J. Charvet, "Feminism", London, Dent
  • 2004, Deborah Walker, Jerry W. Dauterive, Elyssa Schultz et Walter Block, The Feminist Competition/Cooperation Dichotomy: A Critique, Journal of Business Ethics, Vol 55, n°3, December, pp241-252

Femmes libérales contemporaines

Articles connexes

Liens externes

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