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Étalon-or

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L'or est une monnaie, tout le reste est du crédit.

L’étalon-or (Gold Standard) est un système monétaire dans lequel l'étalon monétaire correspond à un poids fixe d'or, fixé ordinairement par une banque centrale.

Dans ce système, toute émission de monnaie se fait avec une contrepartie et une garantie d'échange en or. Les parités de deux monnaies différentes sont donc fixées par rapport à l'or, et les taux de change sont stables entre pays participants. L'or constitue une monnaie internationale, qui sert au règlement des échanges et comme instrument de réserve pour les banques centrales des pays ayant adopté le système.

Pourquoi l'étalon-or ?

Illustrant le théorème de régression de Mises, l'or a servi de monnaie pendant des millénaires, et l'étalon-or a été en vigueur dans tous les pays développés jusqu'en 1914, date à laquelle il est abandonné en faveur d'un système plus souple (le change-or) jusqu'en 1971 et son abandon total (changes flottants) : comme l'explique Antal E. Fekete, on a remplacé une « valeur positive » (les métaux) par une « valeur négative » (la dette).

Le système de l'étalon-or permet de mieux résister à l'expansion du crédit et de la dette publique. Au contraire d'une monnaie fiduciaire, une monnaie à contrepartie en or ne peut pas être émise arbitrairement par un État : elle empêche l'inflation par dévaluation et lève en théorie toute incertitude sur la pérennité de la monnaie, ce qui permet à l'autorité monétaire d'avoir un crédit sain, et de prêter plus facilement :

«  Les promoteurs du retour à l'étalon-or ont le mérite de nous sensibiliser sur un point : les monnaies actuellement en circulation n'ayant pas de valeur intrinsèque, quelle garantie y a-t-il que les titres de dette libellés dans ces monnaies puissent être remboursés en quelque chose qui ait de la valeur ? Aucune. Dans le cas d'une monnaie fiduciaire, le gouvernement a simplement décrété que "cet argent est un moyen d'échange légal, qui a la valeur que nous affirmons qu'il a". La valeur des monnaies fiduciaires ne repose que sur la confiance »
    — Myret Zaki, La fin du dollar (Favre, 2011)

L'école autrichienne d'économie est favorable à l'étalon-or. Elle met en garde quant aux conséquences dramatiques de son abandon au XXe siècle :

«  Maintenant que cette discipline a été brisée, je ne vois aucun espoir de la restaurer. Pour cette raison, à moins de changements radicaux, la perspective qui est devant nous est celle d'une inflation indéfiniment accélérée, aggravée par le contrôle des prix, suivie d'un effondrement rapide du marché, des institutions démocratiques, et finalement de la civilisation telle que nous la connaissons. »
    — Friedrich Hayek, Toward Free Money Market, WSJ, 19 août 1977

Cette constatation conduit cependant Hayek à préconiser des monnaies privées comme un moindre mal.

L'économiste français Jacques Rueff lance le même type d'avertissement après l'abandon de l'étalon-or :

«  On croirait, en observant l'évolution du système monétaire international, que l'Occident s'applique à mettre en œuvre le conseil de Lénine, suivant lequel : « Pour détruire le régime bourgeois, il suffit de corrompre sa monnaie. » Comment admettre que pareille faute soit commise principalement par le pays qui a voué tant d'efforts et tant de soins à préserver, pour lui et pour les autres, le régime de la libre entreprise et qui a consacré tant de sang à sauvegarder dans le monde la liberté. Puissions-nous, avant qu'il soit trop tard, rendre aux mécanismes monétaires les tâches que les faibles mains et l'esprit vacillant des hommes ne sont pas, dans l'état actuel des choses, en mesure d'assumer. »
    — Le péché monétaire de l'Occident (1971)

Pourquoi l'abandon de l'étalon-or ?

Alors que l'étalon-or au XIXe siècle avait accompagné une prospérité croissante sans crise financière ni monétaire notable, au XXe siècle les États ont progressivement abandonné l’étalon-or, incapables de respecter une discipline monétaire incompatible avec la démagogie redistributrice de la social-démocratie ainsi que les "investissements dans la destruction" des deux guerres mondiales :

«  Si les pays en guerre lors de la Première et Seconde Guerre mondiale n’avait pas abandonné l’étalon-or, la Première Guerre mondiale n’aurait pas duré plus de six mois, car les pays en guerre auraient épuisé tout leur or… Je soutiens que la Première Guerre mondiale a duré aussi longtemps parce l’étalon-or a été abandonné. Le financement du déficit a permis à la guerre de durer plus de quatre ans, de détruire l’économie, un patrimoine culturel riche et surtout de tuer des millions de jeunes soldats et de gens innocents. »
    — Ferdinand Lips

Après la première guerre mondiale, les États-Unis restent le seul pays dont la monnaie est convertible en or (conférence de Gênes de 1922). France et Grande-Bretagne rétablissent la convertibilité, mais la suspendent après la crise de 1929 (1931 : la Grande-Bretagne ne conserve l'étalon-or que pour les échanges extérieurs ; 1937 : la France abandonne à son tour l'étalon-or).

Aux États-Unis, en 1933, Roosevelt interdit aux particuliers de détenir de l'or (Executive Order 6102 signé le 5 avril 1933). L'étalon de change-or définit la convertibilité des monnaies en dollar (le dollar étant la seule monnaie convertible en or). La réunion de juillet 1944 à Bretton-Woods renforce les accords de Gênes de 1922 et l'étalon de change-or : le cartel de banques centrales crée une institution monétaire, le FMI, organisme chargé d'éviter les "dévaluations compétitives" en venant en aide aux États en difficulté (dont la balance des paiements est en déficit) à seule fin de maintenir le taux de change. Les États-Unis sont chargés de maintenir la parité décidée en 1934 (35 dollars l'once). À cette époque, Jacques Rueff critique l'étalon de change-or et préconise le retour à l'étalon-or.

Durant les années 1960, le déficit de la balance des paiements des États-Unis s'accélère. En 1968, il y a dédoublement du marché de l'or : un marché officiel réservé aux institutions internationales (où l'or vaut toujours 35 dollars l'once) et un marché libre pour le privé (où l'or vaut davantage). Cela contribue à créer de fortes distorsions sur le prix de l'or. La France demande aux États-Unis le remboursement de dollars en or, la Grande-Bretagne s'apprête à faire de même pour de grosses quantités en 1971.

Le 15 août 1971, les États-Unis étant incapables de tenir leurs engagements, Nixon suspend la convertibilité extérieure du dollar en or (la dernière fois où cela s'était produit fut pendant une courte période en 1933). Une taxe sur les importations de 15 % est instaurée. Les accords de Washington de 1971 élargissent les marges de fluctuation des monnaies à 2,2 %. En Europe, le serpent monétaire européen essaie de maintenir des parités fixes entre devises européennes avec des marges de fluctuation de 0,75 % ; un système compliqué de "montants compensatoires" compense ces fluctuations pour les prix des produits agricoles. En mars 1972, le dollar est de nouveau dévalué, le prix officiel de l'or passant à 42 dollars l'once, puis le dollar devient officiellement inconvertible. Le double marché de l'or est abandonné. L'étalon de change-or a disparu, et une période de forte inflation démarre. En dollars courants, un pic dépassant les 1 800 dollars est atteint en 2011[1], cependant en dollars ramenés à l'équivalent de 2011, le pic de 2 477 dollars est atteint le 21 janvier 1980[2].

Allemagne et Japon ont à cette époque, dans les années 1970, des monnaies échangeables en-dehors de leurs frontières, et qui rendent possibles des emprunts dans ces monnaies (marché libre des euro-monnaies). La communauté économique européenne s'élargit à de nouveaux membres. L'or passe de 42 dollars l'once à 800 dollars en 1980. Sous Ronald Reagan, les taux d'intérêt sont relevés, ce qui met un terme à l'inflation mondiale liée au dollar. La concurrence entre monnaies s'avère être un moyen efficace de réduire l'inflation, jusqu'à l'instauration de la "monnaie unique", l'euro, qui fige définitivement les taux de change, sans pour autant brider l'endettement continuel des États.

La cause profonde de l'abandon de l'étalon-or, pour les économistes autrichiens, est le monopole d'émission de la monnaie, générateur de crises de change, couplé à la dépense étatique débridée ; ces causes sont incompatibles avec la discipline qu'impose l'étalon-or. Les mêmes causes expliquent d'ailleurs les crises continuelles des monnaies étatiques, dollar ou euro.

Alan Greenspan reconnaît que l'étalon-or est incompatible avec l'endettement étatique et l'État-providence :

«  J'ai toujours nourri de la nostalgie pour la stabilité des prix inhérente à l'étalon-or ; une monnaie stable en était le premier objectif. Mais j'ai depuis longtemps admis que l'étalon-or ne s'accommode pas aisément de l'idée courante sur la fonction d'un gouvernement, notamment le devoir d'assurer un système de sécurité sociale (social safety net). […] La plupart des Américains ont toléré l'inflation comme le prix à payer pour avoir un État-providence moderne. Il n'existe plus aujourd'hui de partisans de l'étalon-or, et je ne vois guère de possibilité qu'il revienne. »
    — Alan Greenspan, Le Temps des turbulences, J-C Lattès, 2007

Les objections courantes à l'encontre de l'étalon-or

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  • L'or est difficile à transporter, et l'on n’imagine pas des bateaux chargés d'or traversant les océans : c'est confondre un bien avec le titre de propriété qui le représente. Doit-on transporter les maisons lorsqu'on les achète ? Avec l'étalon-or, la monnaie-papier subsiste, mais elle est gagée sur le métal précieux.
  • On n'imagine pas de faire ses courses avec des pièces d'or : même réponse que ci-dessus. L'étalon-or n'implique pas forcément que toutes les pièces soient en or.
  • La quantité d'or existante n'est pas suffisante pour servir de monnaie : en fait, cette quantité est quelque chose de purement conventionnel, et n'importe quelle « quantité » de monnaie suffit toujours à tous les échanges possibles (Ludwig von Mises : « la quantité de monnaie disponible dans l'économie est toujours suffisante pour permettre à chacun tout ce que la monnaie fait et peut faire »). Il n'y a pas besoin d'une énorme quantité d'or pour établir un étalon-or, il suffit que le "prix" de l'or s'établisse en conséquence :

«  L'étalon-or économise l'or. Dire qu'il n'y a pas assez d'or est une incompréhension complète. Ce n'est pas une question de quantité, mais de prix. »
    — Philippe Simonnot, le 25 octobre 2012, sur ReichmanTV

«  Le meilleur des mondes, c'est celui où il y a une quantité de monnaie stable. Il n'est pas nécessaire dans une société quelconque de créer de la monnaie. À partir du moment où une certaine quantité de monnaie existe, il n'est pas nécessaire d'en créer. La quantité de monnaie existante peut satisfaire indéfiniment, pour l'éternité, les besoins monétaires : elle prend de la valeur, et le prix des biens diminue tandis que la valeur de la monnaie augmente. Tout le monde croit qu'il est nécessaire de créer de la monnaie et d'avoir une banque centrale. Pourquoi ? Parce que implicitement on fait le raisonnement que la création de la monnaie c'est la création de crédit, et la création d'investissements. »
    — Pascal Salin

De plus, d'autres monnaies peuvent très bien coexister avec l'or. Un fait souvent ignoré du profane est que la création monétaire n'est pas nécessaire, pas plus qu'est nécessaire une banque centrale (dont c'est en fait la mission principale).
  • La découverte de nouvelles mines d'or risque de générer de l'inflation : la monnaie papier étant extensible à volonté, c'est bien à son propos qu’on peut avoir de telles inquiétudes – et l'Histoire montre qu'on a bien raison d'être inquiet. La production mondiale annuelle d’or est connue (autour de 3000 tonnes) et a peu de chances d'évoluer sensiblement (certains spécialistes affirment même que le "pic de l'or" a été atteint et dépassé). Le stock d'or existant serait d'environ 170 000 tonnes[3]. La valeur de l'or découle de cette différence énorme entre le stock et la production annuelle, qui ne représente que 1 à 2 % du stock, une caractéristique que ne présentent pas d'autres métaux (même réputés "rares", comme le platine ou le palladium).
  • L’or est aussi une matière première utilisée dans l’industrie : ce n’est pas un inconvénient, mais un avantage, car c’est une assurance de plus contre la baisse de son pouvoir d'achat.
  • On ne sait pas comment fixer le prix de l'or en Euro ou en Dollar : l’or est coté en continu sur les marchés financiers.
  • L'or est stérile, c'est un placement qui ne rapporte rien : on ne s'intéresse pas à l'or comme placement spéculatif, mais comme réserve de valeur et moyen d'échange universel, ce qui est le rôle d'une monnaie ; dans ce rôle, en remontant sur des millénaires, l'or est historiquement imbattable (on peut montrer que la même quantité d'or qu'il y a 2000 ans suffit aujourd'hui à se nourrir quotidiennement ou à s'habiller).
  • L'étalon-or a un effet déflationniste à cause de la rigidité excessive de la masse monétaire : cet effet (qui résulte en réalité du monopole monétaire et de l'unicité du valorimètre) n'empêche pas la croissance, l'histoire du régime de l’étalon-or au XIXe siècle le montre amplement. La déflation accroît le pouvoir d'achat, ce qui est une bonne chose pour les individus. Elle n'est certes pas « politiquement intéressante » ni « politiquement vendable » car elle rend la dette publique plus lourde et empêche la spoliation des créanciers par l'inflation. Par ailleurs, dans un système de banque libre et de monnaie privée, il n'y a aucune raison que l'or soit le seul étalon : sa mise en concurrence avec d'autres étalons diminuerait l'effet déflationniste potentiel.
  • L'étalon-or n'empêche pas la dévaluation de la monnaie (ainsi le dollar valait 1/20 d'once d'or au XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle, puis 1/35 à partir de 1934) : une monnaie qui repose sur l'or peut en effet être dévaluée, mais l'or sous-jacent garde toute sa valeur (en fait augmentée par rapport à la monnaie dévaluée). La dévaluation est une tromperie qui découle de mauvaises politiques.
  • Pourquoi les banquiers, les gouvernements et les médias semblent-ils opposés à l'or ? : parce que le papier monnaie et le jeu des réserves fractionnaires permet à une petite élite de s’enrichir au détriment du reste de la population et de la classe moyenne.
  • D'après la loi de Gresham (« la mauvaise monnaie chasse la bonne »), on ne peut instaurer durablement de monnaie « or », car cette dernière serait vite appelée à disparaître en raison de la thésaurisation qui en serait faite : la loi de Gresham n'est vérifiée que lorsque l'État impose un cours forcé ("vous devez utiliser la mauvaise monnaie que nous fabriquons") ; dans un système de monnaies privées ou à cours libre, c'est au contraire la bonne monnaie qui chasse la mauvaise (davantage encore dans les situations de forte inflation), de même que sur n'importe quel marché libre un "mauvais produit" n'a en général aucun succès durable.
  • Imposer l'étalon-or revient à instaurer un monopole monétaire : certes ! La monnaie privée est la vraie solution libérale (avec cependant la possibilité de voir apparaître un monopole de fait parce qu'une des monnaies apparaît comme la meilleure). Cependant, dans la situation actuelle de monopoles monétaires, l'étalon-or est la moins mauvaise des solutions, puisqu'il empêche la création monétaire illimitée et encourage la concurrence des monnaies nationales entre elles, "ancrées" à une convertibilité fixe. De plus, même avec des monnaies privées en concurrence, l'expérience historique (et la loi de Gresham inversée) laisse suggérer qu'une convergence s'établirait rapidement vers des monnaies qui reposeraient toutes sur l'or.
  • L'étalon-or a été la cause de crises monétaires et économiques par le passé : cette assertion revient à affirmer que le thermomètre doit être supprimé parce qu'il est la cause du mauvais temps ! L'étalon-or peut être le révélateur d'une mauvaise gestion, d'un endettement excessif, ou d'une mauvaise politique économique ; le réflexe du politicien sera hélas davantage de « mettre à mort le messager » qu'est l'étalon-or plutôt que de rectifier le tir. L'étalon-or est le premier ennemi de la dette publique excessive.

Les limites de l'étalon-or

  • l'étalon-or ne remédie pas aux défauts du monopole monétaire : si la monnaie a un cours forcé et dépend d'une entité centrale (banque centrale ou Etat), rien n'empêche cette entité de dévaluer la monnaie (on obtient moins d'or avec la même quantité de monnaie) ; cela s'est produit à plusieurs reprises en régime d'étalon-or, cela désavantage tous les détenteurs d'une telle monnaie, tandis que les détenteurs d'or physique voient leur pouvoir d'achat augmenter en apparence ;
  • pour des raisons pratiques, l'étalon-or s'accompagne toujours d'une circulation de substituts plus commodes (sous forme papier ou électronique) ; rien n'empêche l'entité émettrice de tels substituts d'en émettre davantage que la quantité d'or ainsi adossée.

Retour à l'étalon-or au XXIe siècle ?

  • Plusieurs hommes politiques américains (Herman Cain, Newt Gingrich, et surtout Ron Paul) sont favorables au retour à l'étalon-or aux États-Unis ; le Gata (Gold Anti-Trust Action Committee), groupe de pression qui milite pour la fin de la manipulation des cours de l'or, va également dans ce sens ; un projet de loi, soutenu par le député Alexander Mooney, propose en 2018 un retour à l'étalon-or ;
  • L'État de l'Utah a légalisé en 2011, l'emploi de l'or et de l'argent pour les transactions financières courantes[4] ; plusieurs autres États (Michigan, Minnesota, Caroline du Nord, Idaho) ont des lois similaires en préparation[5] ;
  • La pièce d’or « Khalifa » est depuis le 15 août 2011, une nouvelle monnaie courante et légale à Dubaï ;
  • Certaines personnalités politiques, en France, évoquent occasionnellement un retour possible à l'étalon-or (Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan) ;
  • En 2001, le Premier ministre de Malaisie, Mahathir bin Mohamad, a proposé une nouvelle monnaie pour le commerce international entre nations musulmanes : le dinar-or islamique (دينار إسلامي ذهبي), défini comme 4,25 grammes d'or pur (cette monnaie n'a pas réussi à s'imposer) ; cependant, le Kelantan, État de Malaisie, a lancé une monnaie-or en 2010[6][7] ;
  • En Suisse, une association franc-or, soutenue par plusieurs économistes (comme Peter Bernholz), milite pour l'instauration d'un franc-or officiel sur la base de 1 franc-or = 0,1 g d'or, ce qui implique la modification de l'article 99 de la Constitution de la Suisse. Il ne s'agit pas exactement d'un retour à un étalon-or, mais de donner le choix aux gens entre deux types de monnaie aux caractéristiques bien différentes, la monnaie-or étant une meilleure protection contre l'inflation (inversion de la loi de Gresham). Ce franc-or serait frappé par des banques privées, et non la banque centrale. Une initiative populaire fédérale (demande écrite réunissant 100 000 citoyens) est prévue à ce sujet : Initiative parlementaire 11.407 "Institution d'un franc-or".
  • En 2012, la Chine et d'autres pays Asiatiques et du Moyen-Orient ont décidé d'utiliser l'or pour le règlement de leurs achats massifs à l’international (pétrole), plutôt que le système de virement SWIFT[8][9].
  • Certains analystes, comme Simone Wapler, évoquent la possibilité pour la Chine d'arrimer sa monnaie à l'or une fois qu'elle aurait amassée un stock suffisant de métal. Une telle éventualité aurait évidemment d'immenses répercussions dans le système monétaire mondial.
  • En novembre 2014, le groupe "État islamique" annonce qu'il va frapper de la monnaie sous forme de pièces d'or, d'argent et de cuivre, sur la base des monnaies instaurées par les Omeyyades au VIIe siècle ap. J.-C.

D'après Philippe Simonnot[10], n'importe quel pays peut très facilement revenir à l'étalon-or : il suffit de supprimer le cours légal de la monnaie fiduciaire (cours légal qui est toujours lié à l'existence d'une mauvaise monnaie, dont il faut forcer l'usage) et de lever la taxation relative à l'or ; la banque centrale devrait également vendre son stock d'or. Il n'y a pas besoin de supprimer autoritairement la monnaie en cours, car une monnaie-or peut très bien coexister avec une monnaie fiat dans le même pays[11].

Dans The Case for a 100 Percent Gold Dollar, Murray Rothbard propose de revenir à une monnaie basée à 100 % sur l'or. Les monnaies redeviendraient des mesures de quantité d'or, et non de simples dénominations ne recouvrant aucune réalité.

Pascal Salin rappelle que dans le passé, l'étalon-or reposait sur un engagement contractuel des banques, engagement qui a disparu quand la garantie de convertibilité est passée à la banque centrale monopolistique. Le point crucial n'est pas le retour à l'étalon-or, c'est de savoir qui donne la garantie et qui émet la monnaie, et dans ce cadre seule la concurrence et la liberté monétaire donnent la réponse.

Ron Paul, dans son projet de loi Free Competition in Currency Act of 2011 (HR098), propose d’abroger les lois Legal Tender (imposant l’utilisation des dollars dans les transactions) et de permettre aux citoyens de choisir la monnaie privée qu'ils souhaitent sur le marché libre, en concurrence avec les billets de la FED :

«  Ce projet de loi élimine trois des principaux obstacles à la circulation d’une monnaie saine : les lois fédérales qui forcent l’acceptation de la monnaie de la réserve fédérale, les lois contre la contrefaçon qui n’ont pas d’autre but que d’empêcher la création de monnaie privée, et l’impôt qui pénalise l’utilisation de l’or et de l’argent comme monnaie. »

Antal E. Fekete prédit un retour à l'étalon-or, une fois que seront oubliées les « foutaises de Keynes et de Friedman ». Historiquement, on connaît le cas de la Grande-Bretagne au début du XIXe siècle[12], qui revint à l'étalon-or après une politique "keynésienne avant l'heure" particulièrement désastreuse.

Steve Hanke indique comment pourrait être créée une caisse d'émission, publique ou privée, indépendante et basée sur l'or, qui siègerait en Suisse et fournirait une monnaie convertible en or et indépendante du gouvernement concerné (États-Unis dans le cas qui l'intéresse)[13].

En revanche, Nigel Farage[14] considère que le retour à l'étalon-or n'aurait pas que des avantages, puisqu'il implique le retour à une parité fixe, exactement comme avec l'euro.

Citations

  • « Le rôle joué par les lingots dans les réserves d'or des banques est une preuve que l'étalon monétaire consiste bien dans le précieux métal, et non dans la proclamation des autorités. » (Ludwig von Mises<ref<La Théorie de la monnaie et du crédit</ref>)
  • « L'ordre ne sera rétabli dans la vie économique que lorsque le désordre monétaire aura pris fin, grâce au retour à l'étalon-or. Rien ne serait plus simple. Pour que l'étalon-or fonctionne à nouveau sans accrocs, il suffit que les gouvernements s’abstiennent à l'avenir de toute tentative de couvrir une partie du déficit par de nouvelles émissions de monnaie-papier, ou de stimuler artificiellement l’activité économique par un élargissement du crédit. » (Ludwig von Mises[15])
  • « Il est insensé d'appliquer aux fluctuations monétaires les termes empruntés au vocabulaire militaire. Il n'y a pas de bataille du franc, ni d'attaque du franc, ni de défense du franc. Il n'y a que deux politiques monétaires: celle qui ne veut pas avilir la monnaie, et celle qui entraîne l'abaissement du pouvoir d'achat de l'unité monétaire. La faillite de l'étalon-or est la conséquence d'une certaine politique monétaire et non l’œuvre des spéculateurs, ni la conséquence d'une fatalité à laquelle on ne peut se dérober ; elle n'est pas non plus assimilable à une bataille perdue » (Ludwig von Mises[16])
  • « Dans un monde qui n'est plus celui de la libre entreprise, l'étalon-or — l'enfant terrible qui ne peut s'empêcher de crier sur les toits les vérités déplaisantes — refuse de fonctionner » (Joseph Schumpeter, Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942)
  • « Le grand avantage [de l'étalon-or] est lié au fait que l'or n'est une dette pour personne. » (Robert Mundell)
  • « Le débat devrait servir à trouver le meilleur système basé sur l'or, et non à nous demander si nous devons ou non retourner vers l'or. » (Steve Forbes)
  • « Pour ceux qui veulent donner au monde prospérité et bien-être, l'alternative est simple : ou l'aventure par la mise en oeuvre d'un système d'or papier qui connaîtra le sort de toutes les monnaies inconvertibles, ou l'expansion dans la stabilité par le retour, consciemment organisé, à un régime de convertibilité métallique, épuré de toutes les déviations qui en ont compromis la durée. » (Jacques Rueff)
  • « Ils ne voient pas, et ils ne veulent pas voir que la crise est d'abord d'origine monétaire, qu'elle est l'ultime accès d'une fièvre qui s'est emparée du système capitaliste depuis qu'a été fermée la fenêtre d'or le 15 août 1971 par Richard Nixon, alors président des États-Unis » (Philippe Simonnot[17])
  • « La connaissance de ces quelques personnes qui ont pris le temps et l'effort d'étudier l’histoire de la monnaie sera nécessaire un jour. Lorsque le temps sera venu, cela servira à mettre fin aux souffrances de l'humanité et à relancer l'économie mondiale en remettant le système financier mondial sur une base monétaire stable : l'or. » (Ferdinand Lips)
  • « Nous tenons pour nécessaire que les échanges internationaux s’établissent, comme c’était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une base monétaire indiscutable et qui ne porte la marque d’aucun pays en particulier. Quelle base ? En vérité, on ne voit pas qu’à cet égard il puisse y avoir d’autre critère qu’un étalon autre que l’or. Eh ! oui, l’or, qui ne change pas de nature, qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces, qui n’a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence. »' (Charles de Gaulle[18])
  • « Aucune organisation monétaire, si judicieuse soit elle, ne réussira si elle n’est pas dotée d’un étalon de référence immuable, indépendant du temps et du lieu. Autrefois, le billet mentionnait de quoi il était une créance : d’un poids d’or. Cela signifiait quelque chose. Mais, aujourd’hui, le billet n’est plus qu’une créance que… d’autres billets. La définition monétaire n’est plus que du vide reposant sur du néant. Un des derniers points d’ancrage, qui était la parité de change, a disparu au profit des taux flexibles. Le résultat est d’ajouter l’une à l’autre deux incertitudes : celle d’un taux de conversion qu’on sait être précaire et celle de la valeur vraie de la monnaie de référence qu’on sait être aléatoire… La disparition de tout repère qui donne une mesure de valeur à la monnaie de compte inscrite sur le billet ne peut qu’ouvrir la porte au laxisme. » (Jacques Riboud)
  • « L’étalon-or, c’est une discipline rigoureuse qui, en maintenant la stabilité de la valeur de la monnaie et en protégeant les populations des excès de leurs gouvernements, est aussi une morale. C’est pourquoi Rueff le considère comme l’un des fondements de l’ordre financier et, au-delà, de l’ordre économique ainsi que de l’ordre social. » (Gérard Minart, in Jacques Rueff. Un libéral français, 2016)
  • « Une mesure de la monnaie indexée sur l’or peut jouer le même rôle en économie que celui que la Constitution joue en droit. Un sous-jacent or permet la conversion des devises partout dans le monde ; l’absence d’un sous-jacent or est un appel à la création de monnaie fiduciaire et à l’accumulation de dettes souveraines dans le monde. » (George Gilder[19])
  • « Accuser l'étalon-or d'avoir causé la Grande dépression revient à accuser la gravité de causer la chute d'un avion. »[20] (Robert P. Murphy)

Informations complémentaires

Notes et références

Bibliographie

  • 1940, W. A. Brown, "The International Gold Standard Reinterpreted, 1914-1934", New York: NBER
  • 1959, A. I. Bloomfield, "Monetary Policy Under the International Gold Standard", New York: Federal Reserve Bank of New York
  • 1962, A. G. Ford, "The Gold Standard, 1880- 1914: Britain and Argentina", Oxford: Clarendon Press
  • 1976, D. N. McCloskey, J. R. Zecher, "How the Gold Standard Worked, 1880-1913", In: J. Frenkel, H. G. Johnson, dir., "The Monetary Approach to the Balance of Payments", Toronto: University of Toronto Press, pp357-385
  • 1984,
    • R. Dornbusch, J. A. Frenkel, dir., "The Gold Standard and the Bank of England in the Crisis of 1847", In: Michael D. Bordo, Anna J. Schwartz, dir., "A Retrospective on the Classical Gold Standard, 1821-1931", Chicago: Univ. of Chicago Press, pp233-264
    • W. E. Huffman, J. R. Lothian. "The Gold Standard and the Transmission of Business Cycles, 1873-1932", In: Michael D. Bordo, Anna J. Schwartz, dir., "A Retrospective on the Classical Gold Standard, 1821-1931", Chicago: University of Chicago Press, pp455-507
  • 1985, B. Eichengreen, dir., "The Gold Standard in History and Theory", New York: Methuen
  • 1986, L. H. Officer, "The Efficiency of the Dollar-Sterling Gold Standard (1890- 1908)", Journal of Political Economy, Vol 94, pp1038-1073
  • 1987, B. Eichengreen, "Conducting the International Orchestra: Bank of England Leadership Under the Classical Gold Standard", Journal of International Money and Finance, Vol 6, pp5-29
  • 1991, B. Bernanke, H. James, "The Gold Standard, Deflation and Financial Crisis in the Great Depression: An International Comparison", In: R. G. Hubbard, dir., "Financial Markets and Financial Crisis", Chicago: University of Chicago Press, pp33-68
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  • 1996, Greg Kaza, "The Case for the Gold Standard", Intercollegiate Review, Vol 32, n°1, Fall
  • 1999, Michael D. Bordo, "The Gold Standard and Related Regimes", Cambridge: Cambridge University Press
  • 2009, Shaoyin Du, Andrew Young, "Did Leaving the Gold Standard Tame the Business Cycle? Evidence from NBER Reference Dates and Real GNP", Southern Economic Journal, Vol 76, n°2, October, pp310-327

Voir aussi

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